Dans les ecosystèmes

Les pesticides chimiques ne ciblent pas uniquement les ravageurs des cultures : ils ont des effets dévastateurs sur l’ensemble du vivant. Ils affectent les insectes pollinisateurs, contribuent à la disparition des oiseaux des champs et perturbent l’équilibre des écosystèmes. Cette diminution des populations d’insectes et d’oiseaux entraîne des effets en cascade sur l’ensemble de la chaîne alimentaire et la résilience des milieux naturels.

La disparition massive des oiseaux des champs

Une étude européenne publiée en mai 2023 établit un lien direct entre l’intensification agricole et la chute des populations d’oiseaux.

  • Près de 60 % des oiseaux des plaines agricoles ont disparu en 37 ans.

L’effondrement des insectes volants : un désastre écologique

  • En moyenne, 76% des insectes volants ont disparu en trois décennies en Europe, entre 1989 et 2016, principalement en raison des pesticides chimiques.

Des effets en cascade sur toute la chaîne alimentaire

La réduction des insectes impacte directement les populations d’oiseaux, de petits mammifères et d’espèces aquatiques. Ces effets en cascade fragilisent les écosystèmes naturels et la résilience des territoires agricoles.

La préservation de la biodiversité est essentielle pour garantir la sécurité alimentaire et l’équilibre des milieux naturels.

La sous-évaluation chronique des effets à long terme des pesticides chimiques

De nombreuses études scientifiques rendent compte des effets néfastes des pesticides chimiques. Pourtant, le règlement européen 1107/2009 sur les pesticides est strict. Il prévoit qu’aucun pesticide ayant des effets néfastes sur la santé et l’environnement, à court et à long terme, ne puisse être autorisé.

Mais les méthodes actuellement utilisées pour évaluer les effets des pesticides chimiques ne permettent pas de respecter les exigences réglementaires européennes. En effet, seules les molécules déclarées comme « substance active » par un industriel font l’objet d’études de toxicité à long terme et de cancérogénicité, que l’industriel lui-même fournit aux agences sanitaires chargées de l’évaluation.

Or, un produit pesticide chimique contient d’autres composants, en plus de la substance déclarée active, des « co-formulants » qui renforcent son action et sa toxicité. Les effets chroniques de ce mélange de molécules chimiques ne sont jamais pris en compte, ni au niveau européen lors de l’examen d’une demande d’approbation de substance active, ni au niveau national lors de l’autorisation des produits où seuls des tests de toxicité aiguë à très court terme sont réalisés. La toxicité à long terme des produits utilisés est donc sous-estimée de manière chronique !

Pourtant, certaines études scientifiques montrent que les produits peuvent être bien plus toxiques que leur substance active prise isolément, jusqu’à 1000 fois plus, en raison des interactions qui peuvent survenir entre les différentes molécules (effet « cocktail »).

L’arrêt Blaise du 1er octobre 2019, rendu par la Cour de justice de l’Union européenne, rappelle ainsi que les effets cumulés de la substance active et des autres composants d’un produit doivent être examinés tant au niveau européen (sur un exemple de produit contenant la substance active) que national.

Ferguson, S., Mesnage, R., & Antoniou, M. N. (2022). Cytotoxicity Mechanisms of Eight Major Herbicide Active Ingredients in Comparison to Their Commercial Formulations. Toxics, 10(11), 711.

Exposition aux pesticides chimiques : appelons le Ministre de la Santé à réagir !

Certains pesticides chimiques s’apprêtent à faire leur retour dans nos champs. Le Sénat a récemment adopté une proposition de loi autorisant la réintroduction de pesticides chimiques, pourtant bannis pour leur impact sur la biodiversité et la santé publique.

Ces pesticides chimiques se retrouvent dans notre alimentation, notre eau potable et l’air que nous respirons. Aujourd’hui, 97% des stations de contrôle de l’eau contiennent au moins un résidu de pesticide chimique, et près de 17 millions de français ont consommé au moins une fois en 2023 de l’eau du robinet non conforme aux limites de qualité pour les pesticides chimiques. Près des deux tiers des fruits, légumes et céréales non biologiques présentent par ailleurs des traces de ces substances, parfois au-delà des seuils légaux.

Face à cette exposition aux pesticides chimiques, il est urgent d’agir. Alors que se tient en ce moment le Salon de l’Agriculture, ce texte doit encore être examiné à l’Assemblée nationale. Nous demandons au ministre de la Santé de défendre la santé publique en s’opposant fermement à cette régression environnementale et sanitaire. Plus largement, nous demandons au Ministre d’inscrire durablement la non exposition aux pesticides chimiques dans les futures stratégies nationales sur l’alimentation et d’inscrire dans la loi un objectif de 12% de consommation de produits issus de l’agriculture biologique.

Interpeller le ministre