Agriculteurs et riverains

L’usage des pesticides chimiques ne se limite pas aux parcelles agricoles. Ces substances se dispersent dans l’air, l’eau et les sols, exposant ainsi les agriculteurs et riverains bien au-delà des exploitations. Mesurer cette exposition et identifier les produits concernés reste complexe.

Les pesticides chimiques : ça se passe près de chez vous

Votre commune est-elle exposée aux pesticides chimiques et si oui lesquels ?

Découvrez les cartes interactives Adonis et Géophyto, deux cartes complémentaires.

La carte Adonis, développée par Solagro, est un outil interactif qui vous permet de visualiser l’utilisation des pesticides chimiques par commune sur le territoire français. Elle aide à comprendre comment le niveau d’utilisation en agriculture et le type de traitement affectent votre lieu de vie.

©Solagro/ Carte Adonis - solagro.org/ift

La carte Géophyto, développée par Générations Futures, est un outil intéractif qui vous permet de visualiser quels pesticides chimiques sont le plus achetés dans votre département et quelles sont leurs propriétés (perturbateurs endocriniens, cancérogènes, polluants des eaux, etc.)

La France, l’un des principaux utilisateurs de pesticides

Avec 68539 tonnes vendues en 2022, la France est le premier marché de pesticides en Europe, devant l’Espagne (56353 tonnes ) et l’Allemagne (48169 tonnes)

Elle monte également sur la troisième marche du podium du nombre de substances pesticides, avec 291 substances autorisées en France en février 2023, contre une moyenne de 220 en Europe, se classant ainsi juste derrière la Grèce et l’Espagne.

Vente des pesticides dans l’Union Européenne en 2020, en tonnes par type de produit, dans certains États membres.

  • France : 64743 tonnes
  • Portugal : 9706 tonnes
  • Irlande : 2909 tonnes
  • Pays-Bas : 9823 tonnes
  • Danemark : 3167 tonnes
  • Suède : 2407 tonnes
  • Finlande : 4916 tonnes
  • Italie : 56372 tonnes
  • Allemagne : 47973 tonnes

Classement des 27 états européens selon le nombre de substances autorisées.
Nombre de substances pesticides autorisées par pays sur les 453 autorisées en Europe

  • Grèce 298
  • Espagne 296
  • France 291
  • Belgique 279
  • Pologne 271
  • Autriche 270
  • Portugal 268
  • Allemagne 267
  • Hongrie 264
  • Pays-Bas 261
  • Tchéquie 254
  • Bulgarie 237
  • Roumanie 233
  • Chypre 218
  • Slovénie 210
  • Crotie 201
  • Mande 199
  • Luxembourg 199
  • Sude 182
  • Kaie 163
  • Finlande 155
  • Lettonie 152
  • Lituanie 151
  • Danemark 150
  • Estonie 140
  • trate 111

Substances dangereuses : une forte concentration en France et en Europe du Sud

Un risque accepté. Nombre de pesticides toujours utilisés en 2021 qui devraient être remplacés selon la réglementation de l’UE (substances dont on envisage la substitution), par État membre; nombre de biopesticides en voie de commercialisation dans l’UE en 2020

Les substances actives particulièrement dangereuses pour la santé ou l’environnement sont considérées par l’UE comme des « substances dont on envisage la substitution ». Lors d’une procédure d’approbation, les autorités d’un pays doivent procéder à une évaluation pour déterminer s’il existe des solutions de remplacement plus favorables, y compris non chimiques, au pesticide concerné.
Malgré les prévisions officielles de danger potentiel, il arrive que des substances dont on envisage la substitution soient réapprouvées plusieurs fois, mais pour sept ans seulement.

Les biopesticides sont composés de micro-organismes ou de produits naturels. Ils sont considérés comme moins problématiques que les composés chimiques. La demande de biopesticides est en augmentation, mais ils ne représentent pour l’instant qu’une petite partie du marché mondial. 60 biopesticides seulement étaient présents sur le marché de l’UE en 2020, contre 450 pesticides de synthèse.

Les impacts des pesticides chimiques sur la santé de ceux qui y sont exposés au quotidien

Les agriculteurs : en première ligne face aux pesticides chimiques

Les agriculteurs sont les premiers exposés aux pesticides chimiques. L’étude AGRICAN, la plus vaste jamais réalisée sur la santé des travailleurs agricoles, et l’expertise collective de l’Inserm sur les pesticides révèlent une présomption de lien entre l’usage de certains pesticides chimiques et plusieurs maladies chroniques :

  • lymphome non hodgkinien,
  • myélome multiple (cancer des cellules plasmatiques),
  • cancers de la prostate,
  • maladie de Parkinson,
  • troubles respiratoires chroniques (bronchites obstructives, asthme).

Comprendre l’Indice de Fréquence de Traitement (IFT) de la carte Adonis

Un indicateur clé pour les pratiques agricoles

L’Indice de Fréquence de Traitement (IFT) est un indicateur essentiel pour mesurer l’utilisation réelle des pesticides en France. Il a été développé par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, avec le soutien de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), dans le cadre des politiques publiques visant à suivre et encadrer l’usage des produits phytosanitaires.

Comment est calculé l’IFT ?

L’IFT correspond au nombre moyen de traitements phytosanitaires appliqués sur une culture au cours d’une campagne agricole. Il est calculé à partir d’enquêtes menées auprès des agriculteurs, permettant une évaluation précise des pratiques réelles, selon le type de culture et la catégorie de produits utilisés (herbicides, fongicides, insecticides, etc.).

Exposition aux pesticides chimiques : appelons le Ministre de la Santé à réagir !

Certains pesticides chimiques s’apprêtent à faire leur retour dans nos champs. Le Sénat a récemment adopté une proposition de loi autorisant la réintroduction de pesticides chimiques, pourtant bannis pour leur impact sur la biodiversité et la santé publique.

Ces pesticides chimiques se retrouvent dans notre alimentation, notre eau potable et l’air que nous respirons. Aujourd’hui, 97% des stations de contrôle de l’eau contiennent au moins un résidu de pesticide chimique, et près de 17 millions de français ont consommé au moins une fois en 2023 de l’eau du robinet non conforme aux limites de qualité pour les pesticides chimiques. Près des deux tiers des fruits, légumes et céréales non biologiques présentent par ailleurs des traces de ces substances, parfois au-delà des seuils légaux.

Face à cette exposition aux pesticides chimiques, il est urgent d’agir. Alors que se tient en ce moment le Salon de l’Agriculture, ce texte doit encore être examiné à l’Assemblée nationale. Nous demandons au ministre de la Santé de défendre la santé publique en s’opposant fermement à cette régression environnementale et sanitaire. Plus largement, nous demandons au Ministre d’inscrire durablement la non exposition aux pesticides chimiques dans les futures stratégies nationales sur l’alimentation et d’inscrire dans la loi un objectif de 12% de consommation de produits issus de l’agriculture biologique.

Interpeller le ministre